Portrait de freelance : Paul Mesnager

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Pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Paul Mesnager, je suis designer graphique et photographe indépendant et je vis entre Paris et le sud de la France. Mes projets vont de la pochette d’album d’un duo d’improvisation expérimental à la recherche ergonomique pour une application bancaire.

Quel est votre parcours ? Comment vous êtes-vous lancé dans ce métier ?

Je suis devenu designer graphique un peu par hasard en 2015 lorsque l’Université Française d’Egypte m’a proposé de réaliser leur identité visuelle pour financer mon master de relations internationales, au-dessus de mes moyens. Je me suis formé en autodidacte en réalisant cette première mission qui a plu au client et j’ai très vite abandonné la géopolitique pour m’y consacrer entièrement. Je me suis formé aux outils créatifs et au développement web grâce à des tutoriels sur internet et j’ai trouvé mes premiers projets grâce à une plateforme de freelances sur laquelle je suis arrivé au bon moment et grâce à laquelle j’ai toujours eu des projets. Plus tard j’ai eu la chance d’être contacté par une école spécialisée dans les métiers du digital pour enseigner les fondamentaux de l’UX design, ce qui a été l’occasion de me spécialiser dans ce domaine. Aujourd’hui j’ai effectué une centaine des missions en commençant par des grands groupes industriels et petit à petit je me redirige vers des projets qui correspondent plus à mes aspirations, notamment dans le domaine culturel.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre processus de création ? D’où viennent vos idées et quelles sont les étapes de mises en oeuvre ?

Il arrive souvent que l’idée émerge lors du premier contact avec le brief mais il ne faut pas hésiter à griffonner en direct avec le client pour tomber d’accord sur une première intention et éviter des aller-retours inutiles. Dans un contexte de travail à distance je demande souvent au client des exemple de ce qu’il aime et (surtout) ce qu’il n’aime pas et on échange autour d’un moodboard qu’on crée ensemble. En général le client a vu ton portfolio, il connaît ton style mais si ses goûts sont à l’opposé des tiens soit tu relèves le défi pour créer quelque chose qui te plaira aussi, soit tu déclines la mission parce qu’il ne faut pas oublier qu’on fait ce métier pour créer des choses qui nous plaisent et qu’on sera fiers de montrer dans notre portfolio.

Quelles sont vos influences et/ou vos inspirations ? Est ce que d’autres formes d’art vous inspirent dans vos travaux ?

Sans forcément copier, personne ne peut dire qu’il n’est pas influencé par ce qu’il aime. Je suis sûr que Paul Outerbridge est pour quelque chose dans le travail que Pierpaolo Ferrari a fait dans Toilet Paper, et ça n’enlève rien à son génie absolu ! J’ai été évidemment marqué par les classiques de la photo et de la peinture mais je n’ai pas conscience de tout ce qui m’influence. Les formes et les couleurs de Matisse m’influencent beaucoup pour mes travaux graphiques, c’est sûr, Koudelka, Roversi, D’Agata, Jungjin Lee sont pour beaucoup dans mes choix photographiques. Certaines choses qu’on croise peuvent nous donner des idées, je me suis servi d’un calendrier que j’avais acheté dans le souk du Caire pour une couverture de livre, et j’ai toujours un emballage de Kebab que j’avais demandé au vendeur en Grèce, je suis sûr qu’il me servira un jour. Après comment un tableau de Giotto ou une fleur de lilas m’ont influencés pour créer une app de gestion financière ? J’en sais rien mais je pense que notre environnement a beaucoup d’influence sur notre créativité. Je suis beaucoup plus inspiré quand je travaille dans des grands espaces et au contact de la nature que dans un bureau. La veille sur Behance, Instagram ou Awwwards est utile pour connaître les dernières tendances graphiques mais pour se différencier et créer notre propre style il faut aller chercher ailleurs.

Est ce que vous vous verriez travailler autrement qu’en tant que travailleur indépendant ? Et pourquoi ?

Non pour trois raisons. En tant que travailleur indépendant on choisit ses projets, on choisit où on travaille et surtout on choisit si on travaille ou non. Pour ma part j’ai la chance d’avoir la possibilité de choisir les projets sur lesquels je travaille, de passer autant de temps dans la nature que devant mon ordinateur et de ne pas travailler pour un supérieur hiérarchique dont je ne partagerait pas spécialement la vision. Je comprends totalement que certaines personnes ont besoin de sécurité et de stabilité quitte à travailler sur des sujets qui ne les stimulent pas forcément et à suivre une routine quotidienne. Ce n’est pas mon cas mais je suis conscient que je le dois beaucoup à mon éducation, mon père est artiste-peintre et d’une certaine manière il m’a montré que c’était possible.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans le freelancing ? Quel que soit son domaine d’ailleurs.

Je ne sais pas si c’est positif socialement parce que c’est un modèle qui nous met tous en concurrence, les plateformes nous donnent beaucoup d’opportunités mais elles nous ubérisent. Le free-lancing c’est l’aboutissement d’un néolibéralisme qui, à long-terme, peut ruiner l’édifice social français. Mais d’un point de vue purement individuel c’est faisable et accessible, ça apporte beaucoup de libertés et je suis sûr que ça rend plus heureux que de travailler dans un bureau. Même sans école de design tout s’apprend sur internet, il y a des formations très complètes et gratuites, les inspirations sont partout et le marché est très dynamique, pour passer le pas il suffit de dépasser les appréhensions héritées du modèle de la générations précédentes pour laquelle la sécurité passe forcément par le cursus scolaire et l’obtention d’un CDI. Si tu veux le faire sois très organisé (c’est pas marrant de retrouver toutes les factures des deux années précédentes parce qu’on a oublié de déclarer), sois honnête avec tes clients, tu seras toujours gagnant et apprends à repérer les mauvais projets, ça, ça se fera sur le tas.

A PROPOS DE VOTRE GESTION PAIEMENT/CLIENT

Si vous vouliez nous en dire un peu plus à ce sujet, cela nous permettrait de mieux comprendre les problématiques que connaissent les travailleurs autonomes.

Avez-vous déjà connu des retards de paiement ?

Oui

Avez-vous déjà connu des impayés ?

Non

Comment avez-vous géré ces problèmes ?

Il m’est arrivé de menacer mes clients de remplacer les images de leur site par des 🍆, j’ai été payé le lendemain.

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